Escales au Kuna Yala (San Blas)

Achutupu

Avertissement

Les informations rassemblées dans cette page ne présentent aucune garantie d'exactitude ni de généralité. A n'utiliser donc qu'avec circonspection, notamment celles relatives à la navigation !

Généralités

Venant sans escale d'Aruba (Antilles Néerlandaises) et en prévision d'une traversée réputée éprouvante (mais qui ne le fut point !) nous avions choisi d'atterrir par le canal Caobos, très large et bien cartographié, puis de mouiller aux Cayos Holandés E, qui offrent plusieurs mouillages sûrs et faciles d'accès.

103KAprès une huitaine de jours de relaxation au milieu d'une carte postale "île déserte-cocotiers-sable blanc-eau turquoise" (cliquez sur l'image ci-contre), nous sommes partis vers l'E à la recherche de cette mythique authenticité qui, dit-on, est la raison d'être d'un voyage aux San Blas. Ce n'est que 2 mois plus tard que nous avons rebroussé chemin pour visiter l'W de l'archipel. Cet itinéraire atypique n'est pas recommandé à qui ne dispose que de peu de temps.

Il semble plus rationnel, comme le font beaucoup de ceux qui viennent de Cartagena, d'atterrir sur le canal de Piños, puis de remonter vers l'W par sauts de puce avant de se diriger vers Colón et le canal de Panamá. Cet itinéraire logique présente néanmoins l'inconvénient de plonger d'emblée le voyageur au milieu de populations plus farouches qu'à l'W, peu enclines à ouvrir spontanément les bras aux rares visiteurs étrangers. Les premiers rapports s'en trouvent parfois lents à s'établir.

Quoi qu'il en soit, nos escales sont présentées ci-dessous de l'E vers l'W. Nous donnons d'abord de brèves indications techniques (lieu et conditions de mouillage), puis nos impressions, anecdotes etc.

Cliquez sur les imagettes ! Pour limiter la durée de chargement de cette page, les photos n'y figurent qu'en images réduites que l'on peut agrandir sur demande. Si l'on place le curseur sur une imagette, la taille en octets de l'image agrandie apparaît. Un clic et celle-ci s'ouvre dans une fenêtre séparée, redimensionnable (attention : cette fenêtre ne se ferme pas toute seule, et elle peut être masquée par la fenêtre principale !).

Typographie : les mots kuna sont en italique, sans marque de pluriel ; les mots espagnols sont entre parenthèses ou guillemets.

Sommaire des escales
Mamitupu Achutupu Islandia
Ailigandi Mono Playón Chico
Ticantikí Narganá I. Puyadas
Green Island Coco Bandero Cays Holandes Cays
Los Grullos Gunboat I. Máquina
Gaigar Aridup Lemon Cays
Chichimé

El Porvenir

I. Cartí
     

[Page d'introduction] [Chapitre "Vie au Kuna Yala"] [Chapitre "Navigation"]


Mamitupu

32KLitt. "l'île aux Mameys" - le mamey est un arbre fruitier originaire de la région, très répandu aux Caraïbes (abricotier des Antilles). Disparu de l'île depuis son peuplement, il abonde sur le continent (appelé ici "el monte"). Le mouillage (9°11.22'N 77°58.55'W) se situe au S de la pointe SW de l'île, en face des châteaux d'eau, voisins de la "maison d'hôte" de Pablo Pérez, "ministre du tourisme" de Mamitupu. On y accède aussi bien par le NW que le NE de l'île – ne pas se laisser impressionner par les brisants, il y a du fond au milieu de chaque passe – voir notre trace (54 Ko).

Voyant notre pavillon, un Kuna d'une cinquantaine d'années nous hèle de son ulu : "¡Hola Francia!". Il se plaint que sa vue faiblit au point de ne plus pouvoir satisfaire sa soif de lecture. Pour lui, la France est le pays des grands mathématiciens et philosophes comme "Réné Descartés" (avec l'accent espagnol ;-). Où a-t-il appris cela ? Tout simplement en lisant un livre scolaire d'un de ses enfants...

Le bureau du village, celui de l'aéroport et le bureau de change sont regroupés dans la même pièce d'un petit bâtiment, où ils jouxtent "la oficina" du "Control de Campo", gestionnaire des plantations. Voilà de la centralisation bien venue !

Aujourd'hui, Pablo souhaite se rendre au village voisin Achutupu. Au préalable, il doit demander une autorisation écrite de la main du sayla de Mamitupu, sous peine d'amende ($25) ! Sans cette autorisation, il serait probablement refoulé à son arrivée à Achutupu. Le lendemain matin, son épouse se rend à l'aéroport de Mamitupu vendre quelques savons de coco aux touristes waga (étrangers). Elle sait qu'elle encourt 25 centavos d'amende pour avoir manqué le Congrès des femmes, mais elle gagne largement au change !

A Mamitupu, il y a 2 Congrès le samedi : un pour les femmes le matin, un autre pour les hommes le soir, très long (de 17 à 22 h). Le secrétaire du Congrès procède d'abord à l'appel, en répétant chaque nom 3 fois s'il le faut, ce qui laisse du temps aux retardataires (on peut ensuite s'absenter pendant une demi-heure au maximum). Beaucoup de morale de la part du "Control de Campo": produire plus et mieux, ne pas cueillir des fruits sur l'arbre du voisin etc. Au bout d'une heure, la moitié de l'assistance somnole. Mais tout le monde se réveille, et intervient parfois avec véhémence, lorsque vient le tour des questions de réglementation (gestion des autorisations, fraude, corruption...). Le mercredi se tient un Congrès plénier, qui laisse un village occupé seulement par les enfants et les grand-mères (muu). Ce Congrès est plus politique, culturel et spirituel – c'est là que sont psalmodiés en chœur les poèmes et les chants sacrés.

127KPablo a fermé son restaurant sur pilotis, faute de clients : les touristes qui s'aventurent jusque-là logent en pension complète au Dolphin Island Lodge, sur l'île de Uagitupu ("l'île aux Dauphins") tout près d'Achutupu. L'état de la mer ne leur permet pas toujours de venir faire un tour à Mamitupu. Lorsque c'est le cas, cependant, un "marché aux mola" est organisé sur le terrain de basket (image ci-contre).

Roy Martinez, trop vieux, ne produit plus de ur pippi ("cayuquitos', maquettes de pirogue). Linton, son jeune successeur, est dispensé de travaux agricoles pour cause de migraines chroniques. Alors, allongé dans son hamac, avec un couteau de cuisine ébréché pour seul outil, il sculpte le bois ! Des ur pippi, mais aussi des nuchu, longues statuettes anthropomorphes que l'on dispose, soit à l'intérieur de la maison pour invoquer les bons esprits qui la protégent, soit – nuance – de chaque côté de la porte de la maison pour en éloigner les mauvais esprits. Quand on n'a pas de nuchu disponible, ou par précaution supplémentaire (on n'est jamais trop prudent) on confectionne des nacruz en enfilant une brindille (nibar) dans une tige de roseau, juste sous la touffe de feuilles.

169KLa promenade à pied sur le continent, le long du río, n'est autorisée que sous la direction de Pablo, moyennant une redevance de $5 au Congrès (outre la rétribution du guide). Vers midi, nous faisons halte dans le cimetière du village, situé sur la berge opposée du río – l'occasion d'un petit tour en ulu, ne serait-ce pour apprécier sa "stabilité" ;-) Les membres d'une famille qui vient honorer ses morts nous invitent, selon la tradition, à partager leur repas. Nous nous régalons d'une sorte d'ignames cuites sous la cendre (encore meilleures que des pommes de terre !). Et puis du traditionnel cacao tiède. Les enfants Kuna apprécient les "en cas" (biscuits et friandises) que nous avons emportés dans nos sacs à dos.

80KAu retour, nous croisons un inaduled (phytothérapeute) en train de récolter des graines de sama. Il les range dans un panier ovale, soigneusement enveloppées de feuilles de bananiers, protection complétée par des nibar plantés aux extrémités de ces feuilles. En fin d'après-midi, de retour au village, nous le retrouvons chez lui, pilant ces graines afin d'élaborer une huile essentielle, qu'il affirme souveraine contre les rhumatismes et certaines blessures ou affections cutanées. A la question "Qui t'a appris cela ?", il répond simplement, en tapotant sa tempe : "Personne, je l'ai vu en rêve"... Pour $3, nous lui en achetons un petit flacon – n'ayant pas encore eu à y recourir, nous sommes incapables de porter un jugement sur son efficacité !

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Achutupu

Achutupu, c'est " l'île au Chien", animal dont l'effigie figure dans le tampon administratif du Congrès local. Nous avons mouillé au point (9°11.69'N 77°59.38'W). Attention : il ne faut pas poser l'ancre plus à l'W, sous peine d'accrocher "l'aquaducto" qui alimente le village en eau douce !

Approche :
– En venant de l'E : passer entre le continent et l'îlot Mantupkwa, puis contourner par le S le haut-fond marqué "8" sur le guide Zydler (9°11.55'N 77°59.25'W).
– En venant de l'W : emprunter le passage étroit (40 m environ) au S de l'îlot Wakalatupu (9°11.98'N 77°59.51'W) – voir notre trace (54 Ko).

Dès notre arrivée au débarcadère, un policier en tenue nous demande nos passeports, dont il note laborieusement les informations sur un registre (c'est le seul village où nous ayons "subi" cette formalité). Puis il nous confie à un guide qui nous amène à la maison du Congrès. Le sayla, à califourchon sur son hamac, nous pose en kuna gaya les questions d'usage : qui sommes-nous, d'où venons-nous etc. Son argar (porte-parole) assis sur un banc à côté de nous, assure les traductions. A la fin de l'entretien, nous présentons $5 pour nous acquitter de la taxe habituelle et demandons un reçu. Embarras des notables : c'est aujourd'hui dimanche, "la oficina del Congreso" est fermée ! Nous proposons de revenir demain, et ces messieurs nous rendent notre billet vert. Peu après notre retour à bord, surprise : un "cayuco" à moteur s'approche. Le sayla, debout à la proue, brandit un reçu dûment rempli et tamponné : il vient récupérer sa taxe et – autre surprise – il parle très bien l'espagnol... :-)

104KLe lendemain matin, aux premières lueurs de l'aube, nous sommes intrigués par la profusion de ulu qui quittent le village et convergent vers la plage du "monte". Nous dénombrons une bonne centaine d'embarcations, chacune chargée de 3 à 8 femmes dont quelques enfants. Toute cette foule se rassemble non loin d'un petit bâtiment délabré, puis s'égaye aux alentours en longues processions. Les allées et venues se poursuivent jusqu'en milieu de matinée, où les ulu regagnent le village. Le matin suivant, même manège, mais avec des hommes cette fois. Nous partons en annexe afin de nous renseigner sur place. On nous dit d'abord que les waga ne sont pas admis, mais un contremaître (?) nous prend obligeamment en charge et nous fait visiter le chantier. Il nous explique que mi-2003, les habitants d'Achutupu ont voté, à une très forte majorité, la rénovation de leur "aeropuerto", le but étant de pouvoir accueillir des avions de 50 à 80 places ! Il s'agit essentiellement d'élargir et d'allonger l'ancienne piste, non entretenue depuis 20 ans. Les jours de travail obligatoire au chantier, 4 fois par semaine, ce sont donc 400 à 500 adultes qui se retrouvent sur le chantier entre 7 et 9 h pour les femmes, entre 7 et 11 h pour les hommes. Il n'ont comme outils que leurs mains, l'incontournable machette, quelques seaux et de vieux sacs de riz.

71KLa faible disponibilité et l'absence de toute machine ou outillage spécialisé ne permettent d'entrevoir l'entrée en service de l'aéroport que dans 3 ou 4 ans. Et comme les financements externes (hôtel Kuna de l'île Uagitupu, Ambassades du Canada, de Chine…) ne concernent que les équipements, ceux qui travaillent au chantier ne perçoivent aucun salaire, et le village n'en retirera donc aucun revenu avant de nombreuses années. "Les habitants d'Achutupu rêvent", disent les habitants des villages voisins, un peu jaloux. De fait, l'isolement naturel de chaque village, renforcé par le désir d'autonomie des Congrès, pousse chacun à développer son propre aéroport, sans souci de rentabilité (notion heureusement inconnue des Kuna ! ).

La charge des travaux de l'aéroport, en sus de l'activité normale de pêche et d'agriculture, est-elle à l'origine de l'ambiance plus sérieuse, plus austère qu'à Mamitupu ou à Ukubseny ? Vraisemblablement non, car elle est trop récente. A la tombée de la nuit, on ne voit que 4 ou 5 lumières dans le village, toutes éteintes après 22 h. Les enfants paraissent mieux éduqués, plus disciplinés qu'ailleurs. Un gamin de 12 ans, dont le père travaille en Nouvelle-Zélande (!), connaît toute la composition de l'équipe de foot du Real Madrid. Alvin, 17 ans, fait ses études secondaires à Ustupu : il voudrait devenir médecin. C'est lui qui nous a guidés dans le village, et suggéré de présenter au sayla ainsi qu'à ses 2 adjoints (qu'il juge plus réceptifs car plus jeunes !) nos photos du chantier du futur aéroport.

Un matin, des pêcheurs d'Achutupu trouvent une embarcation, équipée de 3 moteurs HB de 225 ch., vide, à la dérive – le trafic de drogue est notoire sur les côtes du Panamá, comme en Colombie et au Venezuela. Les garde-côtes panaméens, alertés par la police locale, accourent pour tenter de la récupérer, mais le Congrès s'y oppose fermement : une douzaine de femmes et d'enfants montent dans l'embarcation convoitée. Après plusieurs heures de négociations, impuissants, les militaires battent en retraite.

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Islandia

111KMinuscule archipel inhabité situé 2 NM au NW d'Achutupu et 1 NM à l'E d'Ailigandi (9°13.48'N 78°00.55'W). Ses cocotiers sont propriétés de familles d'Achutupu. Sur leur route de retour, les pêcheurs de ce village proposent poissons ou crustacés. Cherchez le héron sur l'image ci-contre !
Nota : dans le guide Zydler, les cayes au S d'Islandia sont mal représentées, mais, sur place, on les distingue très bien lorsque le soleil est haut. Voir nos traces (73 Ko).

Ailigandi

En venant du N, l'accès est très facile en contournant le village par l'E. Nous mouillons à l'abri de l'îlot situé à l'W du village (9°13.61'N 78°01.79'W), au NW du point où le guide Zydler signale la présence sur le fond d'un "large refrigerator".

A peine mouillés, nous sommes abordés par 3 gamins dont le plus âgé, sans préambule, lève un doigt en criant "Un dollar !", tout en montrant, de l'autre main, son ventre rentré au maximum ! Nous tentons de leur expliquer que ce n'est pas la "bonne" façon d'accueillir les waga, ni de gagner de l'argent...

41KCes jours-ci (fin février 2004), la campagne électorale bat son plein : le 2 mai prochain, les Panaméens vont élire (au suffrage universel pour 5 ans) un nouveau président, ainsi que leurs députés à l'assemblée législative. Les Kuna désignent en outre leurs propres "législateurs", puisque Kuna Yala est une région autonome. L'activité des partis politiques, très nombreux (entre 6 et 12) est intense. Leurs étendards claquent par dizaines, très haut au dessus des villages (image ci-contre) tout comme les banderoles dans les rues. Leurs barques, équipées de puissants moteurs, sillonnent l'archipel pour transporter les citoyens Kuna de leur village aux réunions de propagande électorale. Il y a beaucoup de fraude et de corruption, que sont censées tempérer les patrouilles des embarcations du "tribunal electoral".

De surcroît, comme quelques autres, ce village célèbre cette semaine les 79 ans de la révolution Kuna de 1925 ! Ponctués de bruits de pétards (et peut-être de coups de feu tirés en l'air ?) les discours électoraux se sont prolongés avec véhémence jusqu'à minuit et ont repris dès 7 h du matin ! Nous n'osons pas aborder au village dans cette ambiance survoltée, d'autant plus qu'un pêcheur nous a conseillé de ne pas rester au mouillage où devaient se dérouler des rencontres sportives (?). Après une agréable promenade (à la pagaie) dans le río Nabsadi tout proche (image ci-contre) nous partons nous isoler à Islandia.

Isla Mono

Isla Mono (l'île au Singe) offre un mouillage (9°16.43'N 78°07.46'W) très protégé, dans un cadre boisé beaucoup plus intime que celui du village de San Ignacio de Tupile situé à 2 NM au NW. Tout le passage entre le continent et les îles ou cayes (entre les longitudes 78°05' et 78°11'W) nécessite une navigation à vue, en raison des nombreux hauts-fonds qui le parsèment et de l'indigence des cartes disponibles – le guide Zydler lui-même y manque parfois de précision. Il n'est cependant pas nécessaire de zigzaguer beaucoup pour franchir ces 5 NM – voir nos traces (125 Ko). On approche l'île Mono par le N, en longeant de près sa côte W (voir le guide).

La baie au S de l'île est abondamment cultivée, les ulu de passage proposent des fruits à très bon marché.

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Playón Chico (Ukubseny)

Pas de problème d'accès en venant de l'W. En revanche, une arrivée par l'E réclame une bonne visibilité et une navigation attentive à travers les cayes – voir nos traces (121 Ko). On peut mouiller au S de l'îlot Ustupu (9°18.91'N 78°14.24'W), à 500 m du village d'Ukubseny.

44KSi l'on préfère une ambiance plus calme, loin du village, on trouve un mouillage parfaitement protégé à Snug Harbor (Port Peinard). Attention : à l'endroit préconisé par le guide Zydler, l'ancre risque de ne pas crocher dans le fond trop dur ! Il vaut mieux mouiller un peu plus à l'E entre Ogumnaga et Kaymatar (9°19.72'N 78°14.96'W). N'espérez pas pouvoir y échapper à la taxe de $5 pour le Congrès : Federico Sagel vous y trouvera bien vite (mais il s'occupera de vos poubelles et vous guidera dans le village).

Nota : un pont a été construit entre le village et le bout de la piste de l'aéroport, rendant impraticable le mouillage indiqué par le Zydler (sans regrets, il était sous le vent de la décharge publique !). Ce pont facilite les communications entre le village, l'aéroport et l'école d'agriculture qui reçoit des élèves de tout le Kuna Yala. Il permet aussi de se rendre commodément aux 3 cimetières dont on aperçoit les huttes juchées sur les hauteurs voisines et d'où le panorama est superbe.

90KLes cérémonies d'anniversaire de la Révolution de 1925 ont débuté le lendemain soir de la St-Valentin (tiens, ici aussi, on fête "los enamorados" !) par l'élection de "la Reina del Pueblo" – Miss Ukubseny, dirions-nous ! Pour l'occasion, les enfants qui nous accueillent se sont lavés mieux que de coutume et ont revêtu leurs habits du dimanche – enfin pas tous (image ci-contre). Le podium est érigé sur le terrain de basket qui sert de place du village (ou l'inverse ?) illuminé par un unique projecteur qui aveugle plus la salle qu'il n'éclaire la scène. Pour compléter l'équipement, un jeu de lumière antédiluvien et une sono à la distorsion épouvantable – mais manifestement, cela ne gêne que nous waga ! Tout le reste est du "ladino" de chez "ladino", très professionnel : présentatrices sophistiquées, jury composé de professeurs de l'école d'agriculture du village (dont l'un manipulant ostensiblement un ordinateur de poche dernier cri), avec des intermèdes de danse – dont le dernier absolument époustouflant de technique et de qualité artistique, sur un thème érotico-humoristique qui ravit toute l'assistance.

96KLes épreuves imposées aux 5 candidates, âgées de 14 à 15 ans (image ci-contre, prise quelques jours plus tard) : une auto-présentation orale puis gestuelle, 5 épreuves de danse (salsa, merengue, calypso, "típico" et Kuna) et enfin des questions "culturelles" tirées au sort, du genre "Quel était le nom du premier cacique élu à Ukubseny en 1925 ?" Le tout en espagnol avec de brèves interventions en Kuna. Beaucoup de spectateurs, et surtout de spectatrices, ne comprennent certainement pas ce qui se dit au micro – qu'importe, ils ne perdent pas grand-chose !

Mais pour nous, les sensations fortes viennent plutôt de la foule dans laquelle nous sommes immergés : presque toute la population du village est là. Les enfants devant, sagement assis dans la poussière malgré l'heure tardive – une telle discipline serait impensable en Europe : quelques mots prononcés sur un ton autoritaire par le suar ibgana (huissier) suffisent à calmer les rares turbulents. Sur les 2 rangées de bancs disposées en fer à cheval, les jeunes femmes, enceintes et/ou portant leur dernier bébé. Debout derrière, les adultes et adolescents bavardent et commentent abondamment. A l'annonce des résultats, c'est l'explosion de joie. Même la dernière du classement est heureuse – elle a participé à la fête. Nous aussi, qui d'ordinaire n'aimons guère la foule, nous sentons bien.

Un dimanche soir, au mouillage, nous sommes témoins d'une scène lamentable : un couple et ses 5 enfants, bien mis, aux sourires et signes de main étudiés, viennent stationner successivement derrière chaque "yate", dans l'attente muette mais évidente de quelque aumône...

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Ticantikí (Niadup)

Niadup (lle du Diable) est à moins de 300 m du continent. Le mouillage est bien protégé de la houle sinon du vent (9°25.22'N 78°28.93'W). Cette passe est très poissonneuse, et l'air résonne des gloussements de joie des pêcheurs qui, du matin au soir, remontent leur ligne et la renvoient aussitôt.

A peine avons-nous mouillé qu'Aquilino vient percevoir les $5 de taxe locale. En cadeau de bienvenue, il nous offre quelques avocats et 3 ananas succulents. Le matin suivant, nous abordons sur la plage au SE de l'île, devant la maison d'Aquilino. Il nous conduit jusqu'à la maison du sayla. Luis Ortiz occupe ces fonctions depuis 1972 ! A la différence de beaucoup de ses homologues, il n'utilise pas d'argar (porte-parole) ce qui permet de bavarder plus familièrement. Globalement heureux de tout ce qui concerne son village, il s'intéresse aussi au monde extérieur, bien qu'il n'ait jamais quitté le Panamá – il s'enquiert par exemple du cours actuel de l'Euro ! Il ne se fait pas d'illusions sur les changements politiques post-électoraux ("todos los mismos...").

Les rues de Ticantikí sont larges, propres, garnies de massifs de verdure ou bordées de fleurs. Les constructions en béton sont moins délabrées qu'à Ukubseny ou plus à l'E, les boutiques spacieuses et mieux garnies (les oeufs viennent de Panamá par avion, mais on trouve du vrai café Kuna). Les habitants semblent plus aisés, plus propres, en meilleure santé qu'ailleurs, mais en revanche moins extravertis. Bref plus occidentalisés. Beaucoup de trafic en barques à moteur avec Narganá, les Coco Bandero et Holandés Cays, et bien sûr l'aéroport tout proche.

38KVictoriano Patiño sculpte de jolis ur pippi (image ci-contre). Contrairement à Linton, de Mamitupu, il dispose de gouges et autres outils appropriés, dans un atelier bien éclairé au fond de sa hutte. Le bas des murs de celle-ci est en parpaings, et des lits remplacent les hamacs "de nuit". Victoriano nous a plusieurs fois guidés dans le village, nous dénichant les "tiendas" et les bars sympa. Désirant l'inviter à bord avant notre départ, nous avons dû demander au sayla de bien vouloir l'y autoriser !.

Un après-midi, nous remarquons un attroupement insolite près de l'appontement des "canoas" (caboteurs). Un jeune pêcheur vient de se briser le crâne en plongeant des rochers voisins. Pas de cris, de pleurs ni de lamentations dans le village – la dignité des Kuna.n'est pas une légende ! L'enterrement a lieu dès le lendemain : la famille et les amis s'embarquent avec le corps dans quelques cayucos qui les déposent près de l'aéroport d'où part le chemin qui conduit au cimetière. Tous les jours et pendant un mois, les parents iront s'occuper de la tombe.

Narganá (Yandup) et Corazón de Jesús (Akuanusadup)

Le mouillage conseillé par le Zydler, au S de l'île de Narganá, est spacieux et très abrité, mais bruyant (le groupe électrogène du village vrombit jour et nuit). 53KIl est plus agréable (ou moins désagréable ;-) de mouiller au niveau du pont qui relie les 2 îles, 130 m au S de Corazón de Jesús (9°26.64'N 78°34.95'W).
Attention : plus à l'E et plus au S, il n'y a plus de fond ; plus au N, on gêne le passage des canoas vers l'appontement de Corazón de J.; 130 m plus à l'W se trouve l'aqueduc immergé, marqué par une bouée rouge, en face du château d'eau de Narganá.

On peut laisser l'annexe au ponton de Paco, au N du pont côté Narganá. Les boutiques d'alimentation sont à deux pas. Paco lui-même fournit de l'eau, du carburant (gazole, essence, mélange – en amorçant le siphon à la bouche, comme partout au Kuna Yala !) ainsi qu'un service de laverie assez folklorique : il remplit la machine à l'aide d'un seau, puis il démarre l'agitateur à la main !

Les rues sont larges mais plutôt sales, bordées de beaucoup de constructions en béton, dont une "vraie" banque gardée par 2 "vrais" policiers. Les lampadaires au sodium brillent toute la nuit. Les ordures sont jetées à l'eau, devant le mouillage. Autant dire que, sitôt l'avitaillement fait, nous avons appareillé vers des lieux plus salubres !

Islas Puyadas (Pugadup)

Mouillage sauvage au point exact indiqué dans le Zydler (9°28.22'N 78°30.74'W), mais rouleur par forte houle. Nous n'y avons passé qu'une nuit, sans débarquer sur la grande île où l'on voit une hutte et quelques Kuna venus travailler dans la cocoteraie.

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Green Island (Kanildup)

Au S de Kanildup (9°28.87'N 78°38.05'W), ventilé mais bien protégé de la houle. Pour un abri total, mouiller 150 m plus à l'E. C'est un des mouillages les plus appréciés des San Blas, malgré le voisinage d'un inquiétant crocodile de bonne taille, qui jusqu'à ce jour n'a dévoré que des pélicans imprudents !

166KUn couple Kuna vient de Máquina (Mormakedup – voir plus bas) passer 4 ou 5 jours dans cette île pour vendre des mola aux bateaux de passage. Adelaida coud même dans le ulu pendant le voyage, qui dure de 3 à 5 heures selon le vent ! Le matin, avec un filet qu'ils tiennent entre 2 bâtons, ils vont chercher des sardines, qui serviront plus tard à Priciliano pour pêcher leur repas. Puis ils vont faire leur toilette dans un trou d'eau saumâtre au centre de l'île. Entretien de la hutte, pêche, couture et tournées de prospection autour des îles environnantes (et même jusqu'aux Coco Bandero Cays) occupent le reste de la journée.

44KLe lendemain de leur retour vers Máquina, une barque de pêche à moteur nous aborde et nous propose du poisson. Nous déclinons l'offre car nous somme déjà pourvus. Ils nous demandent alors des "fósforos" pour allumer leurs cigarettes. Après une brève hésitation (difficile de faire croire qu'il n'y a pas d'allumettes à bord, même si nous ne fumons pas !) nous leur en donnons une petite boîte. Ils nous remercient, puis se dirigent vers la pointe de l'île. Là, après une discussion générale assez vive, 2 des 5 hommes entreprennent de démolir la hutte, puis d'en brûler les débris sur la plage. Moralité : 1/ Ne donnez jamais d'allumettes, vous pourriez avoir des remords 2/ Concurrence, jalousie et méchanceté sont universelles !

Coco Bandero Cays

A l'E de cet archipel se trouvent certains des plus célèbres mouillages des San Blas, bien protégés de la houle. Par exemple entre Tiadup et Ortupbanedup (9°30.76'N 78°37.03'W) ou dans la passe entre Ortupbanedup et Tuala, ainsi que l'W de Esnatupile.

Les amateurs de solitude et d'horizons lointains peuvent préférer les mouillages de l'W, près des minuscules îlots perdus dans les récifs (Orduptarboat).

Cayos Holandés (Kaimu)

Allongé sur 7 NM à 8 NM du continent, ce récif est parsemé d'îles paradisiaques quasi inhabitées. En venant du large, il n'est accessible qu'en contournant ses extrémités E ou W (cf. plus haut, rubrique "atterrissage"). Une Suédoise solitaire a eu beaucoup de chance : elle arrivait de Cartagena, sondeur et pilote automatique en panne, fatiguée par une nuit à la barre, sous des grains violents qui ont vite transformé sa photocopie de carte en charpie. Croyant contourner l'extrémité W, elle s'est faufilée au milieu du récif, au N de Miriadup, pour finalement s'échouer doucement dans le lagon. Profitant de la marée montante, un pêcheur est allé l'aider à se dégager, puis l'a guidée à travers un dédale de cayes vers Waisaladup où nous étions mouillés (voir ci-dessous).

Les cocoteraies des Cayos Holandés (Mauqui ou Kaimau) sont la propriété d'habitants de 6 villages : Maiquipgandi (abr. Magueb), Ticantikí (Niadup), Tigre (Digir), Corazón de Jesús (Akuanusadup), Narganá (Yandup) et Azúcar (Wargandup). Le premier, non mentionné dans le guide Zydler, est un des 4 villages situés sur le continent, entre Playón Chico et Ticantikí, quasi inaccessibles aux bateaux de plaisance faute d'abri de la houle du large.

Cayos Holandés E

132KLe superbe mouillage au N de Banedup, surnommé "the Pool" (la Piscine) (9°35.40'N 78°40.43'W) est la principale aire de repos de l'autoroute Cartagena – Colón : mi-mars 2004, on y comptait une trentaine de bateaux ! Sur le récif E, les chasseurs sous-marins s'en donnent à flèche joie. Plusieurs bateaux restent là des mois, certains y reviennent même tous les ans, sans chercher ailleurs... C'est vrai qu'on n'y est guère importuné : le seul ulu qui s'arrête près des bateaux est celui qui vient percevoir la taxe mensuelle de $5 (valable pour l'ensemble des Cayos Holandés) ! Pas très dépaysant, direz-vous, mais aux San Blas, le bonheur a de multiples facettes...

128KLe mouillage au S de Banedup (9°35.02'N 78°40.46'W) est un meilleur abri par vent fort, d'accès un peu plus facile aussi, mais l'eau y est moins claire. L'île au SE du mouillage, Tiadup, est occupée à tour de rôle par des familles de Ticantikí, Tigre et Narganá qui viennent travailler leurs parcelles respectives pendant quelques semaines. Le nom de l'île laisse supposer la présence d'eau douce. C'est bien le cas, mais en voyant les puits, on comprend pourquoi les Kuna emportent leur eau potable du continent (image ci-contre) ! On peut leur acheter (en petites quantités) des citrons, des avocats, des bananes, du poisson.

Un autre site très apprécié se situe à l'W de Caobos Cay, entre Ukupsuittupu et Kalugirtupu. Le mouillage au S de l'îlot (9°35.21'N 78°41.68'W) est bien abrité. De là, si les conditions de mer et de vent sont clémentes, on peut s'aventurer vers le N, dans le "fjord" qui s'enfonce entre les récifs – il est parfois barré d'un filet, mais les pêcheurs restent sur place !

Cayos Holandés W

Entre Miriadup et Miriadiadup, on trouve un mouillage spacieux et abrité de tous les vents, par exemple en face des huttes d'Agripina et Obertino (9°35.27'N 78°44.70'W).

39KAu S de la passe entre Waisaladup et Acuacargana (image ci-contre) on peut mouiller dans des patches de sable en deçà des cayes (9°35.85'N 78°46.52'W) ou devant la plage au SW de Waisaladup. On peut également trouver du sable du côté E de l'île, devant les huttes de Felicia et Julio, mais il y a peu de place pour éviter entre les cayes.

Julio s'est écorché l'avant-bras en cassant une branche : pour protéger la plaie, il l'a badigeonnée avec le... vernis à ongles de Felicia ! Nous lui demandons ce qu'il préfère : une "medicina" Kuna (l'huile de sama achetée au inaduled de Mamitupu) ou de la pommade anti-infectieuse ? Il choisit sans hésiter l'antibiotique des waga...

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Los Grullos (Kuanidup)

Lors de notre passage, 4 bateaux étaient déjà mouillés à l'W et au SW de l'hôtel, et nous n'avons pu trouver une zone de sable suffisamment large pour éviter, sans racler les pâtés de corail avoisinants. Dommage car le site est agréable.

NB : autour de toutes les îles et îlots à l'W de la pointe Macolla (78°47'W), les fonds accessibles sont couverts de corail.

Gunboat (Nubasidup)

46KA seulement 1,6 NM au SW des Grullos, Nubasidup offre un mouillage aussi beau mais plus tranquille. Là aussi, il n'est pas facile de trouver où poser l'ancre, le corail (cerveaux de Neptune, éponges tubulaires etc.) envahissant les zones peu profondes. Il vaut mieux choisir une zone bleue, vers 8 m de fond (9°29.18'N 78°52.56'W) : il n'y a pas de corail, le sable tient bien, et, en cas d'orage ou de renverse de vent, le cercle d'évitage est garanti. On peut faire son "jogging" sur la plage autour de l'île (déserte) et son "snorkeling" sur les cayes environnantes.

Isla Máquina (Mormakedup)

82KMormakedup ( "l'île où l'on coud des mola") est bien petite ! Elle n'abrite guère le mouillage, d'ailleurs difficile en raison du corail omniprésent. Pour une halte diurne, le temps de quelques emplettes, on peut mouiller sur le talus de sable clair, tout près du village (9°27.15'N 78°51.22'W). Pour la nuit, il vaut mieux aller à Gaigar, 1 NM plus au S (voir ci-dessous).

Le grand bâtiment au toit rouge, derrière le môle, est l'école primaire. Une visite à la "tienda" de Venancio Restrepo est incontournable. Il coud lui-même de splendides mola, mais il en vend 10 fois plus qui ne sont pas de lui ! On le rencontre régulièrement dans tous les mouillages fréquentés entre ici et Green Island. Dans sa tienda, épicerie, bazar, boutique de fringues... on trouve de tout. Vous voulez des citrons verts ? Venancio hèle son neveu qui grimpe sur le toit (avec une échelle constituée d'un tronc d'arbre entaillé) et secoue les branches du citronnier avec un long bâton, tandis que Venancio récupère les fruits qui tombent dans sa courette.

Gaigar

Gaigar (9°26.25'N 78°51.00'W) est un mouillage un peu triste, mais parfaitement abrité. Fond de vase de bonne tenue. Malgré les mangroves environnantes, nous n'avons pas été importunés par les moustiques ou les "chitras".

Aridup

Au SW de l'îlot Aridup (9°24.40'N 78°54.36'W) se trouve un très beau mouillage de beau temps. Tout comme à Gunboat, le fond est encombré de coraux. Il est donc prudent d'oringuer, sous peine de devoir plonger pour dégager l'ancre...

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Lemon Cays (Cayos Limón)

Lemon Cays E

On approche du mouillage W de Nuinudup par le SW, en se dirigeant sur la barre de sable vers (9°37.71'N 78°51.64'W). Les hauts-fonds qui débordent Nuinudup sont bien visibles sur tribord, il suffit de les longer. On peut mouiller tout le long de l'île (sable), et même la dépasser. Attention en revanche au banc de coraux qui sépare Nuinudup de Banedup.

137KNuinudup n'est habitée que de façon saisonnière, pour l'entretien et la récolte de la cocoteraie (image ci-contre). La famille Vasquez, forte d'une douzaine de personnes, qui s'y trouvait lors de notre passage nous a montré la copie (dactylographiée) de leur acte de propriété, dont l'original se trouve à Narganá. C'est assez complexe, car les diverses parcelles de la cocoteraie appartiennent à des familles différentes, elles-mêmes morcelées au gré des héritages successifs. Ceux-ci se transmettant en général par les filles aînées, c'est souvent la grand-mère, propriétaire des arbres, qui définit le tour de rôle de ses enfants pour leur exploitation. Le dernier bébé de Rosalinda est né ici il y a 2 mois, sans médecin, sans sage-femme...

Sur l'île d'en face, Banedup, se trouve un hameau avec une "tienda" qui fournit quelques produits de base et du pain. Quand le pain est prêt (madu nika !), un coup de conque en avertit les résidents de Nuinudup, qui envoient alors leurs enfants le chercher (en ulu). Banedup est reliée, par une étroite et longue bande de sable, à un autre îlot occupé uniquement par des femmes qui ont quitté leurs maris et vivent là, seules avec leurs enfants.

Lemon Cays W

Entre Hugaruachirdup et Tiadup, autour de (9°32.70'N 78°54.00'W), on trouve un beau mouillage parfaitement protégé - fond de sable à la profondeur de son choix. On remarque sur Tiadup les restes d'un hôtel, abandonné dès le début de son exploitation pour cause de "chitras" – sur une île, la présence de puits d'eau douce n'a pas que des avantages ! Pourtant aucun de ces insectes ne nous a attaqués au mouillage. Aux alentours, seule Hugaruachirdup est habitée, par une seule famille. Il y a néanmoins pas mal de passage de pêcheurs basés notamment sur Ogopsibadup (Gallo Cay, à l'extrême W de ce groupe d'îles).

Attention : La passe d'accès par l'W au N de Mandaraya est mal cartographiée : autour du point 9°32.84'N 78°54.77'W, la profondeur n'est que de 3 m avec de nombreuses patates de corail ! La passe N est aussi réputée délicate. Le seul accès garanti est donc par la passe S, entre Miria et Tiadup (9°32.56'N 78°54.06'W).

Chichimé

25KCe petit archipel est la dernière escale de la plupart des bateaux à destination de Colón et du Canal de Panamá. Pour y atterrir, que l'on vienne du S ou de l'W, on peut se diriger vers le point (9°35.20'N 78°53.14'W). Les hauts-fonds autour de l'îlot qui déborde la pointe W de l'ile Uchutupu Tummad.sont bien visibles (image ci-contre). On continue ensuite plein W jusqu'au mouillage, qui s'étire d'W en E devant la plage N de cette île, autour de (9°35.25'N 78°52.80'W). En haute saison, on y compte parfois une douzaine de bateaux.

Il y a 3 hameaux sur cette île-cocoteraie. On trouve du pain à celui de la pointe E. Les derniers mots de notre dernière interlocutrice Kuna, avant que nous ne quittions les San Blas, furent :"... et que Dieu vous garde !".

El Porvenir

De l'E au SE de la pointe San Blas s'étire un groupe d'îles : Kaygirkor, Wichub Huala, Nalunega, Korbiski et Mamitupu (à ne pas confondre avec son homonyme ci-dessus).

El Porvenir (Kaygirkor)

C'est le point d'entrée/sortie officiel du Panamá, où l'on peut se mettre en règle vis-à-vis de l'immigration et obtenir le permis de croisière (voir formalités). On mouille à l'WNW du débarcadère (9°35.52'N 78°57.01'W). Le bâtiment administratif est à deux pas, le personnel (Kuna) très cool. Les locaux et le mobilier sont dans un état de délabrement incroyable (plafonds effondrés, armoires rouillées...). Quand l'officier d'immigration a rempli ses imprimés, il apporte la machine à écrire à son collègue du bureau des douanes et affaires maritimes, qui la lui rend une fois établi le permis de croisière ! On termine au fond du même bureau pour régler la taxe locale (Kuna Yala).

A part une boutique de mola et autres objets pour touristes, il n'y a pas de commerces sur l'île de Porvenir. En quelques minutes d'annexe, on peut aller en face, sur l'île Wichub Huala. On amarre l'annexe au quai des carburants, près de la rotonde au toit de palmes (il y a moins d'un mètre de fond, donc impossibilité d'approcher avec un "yate" : bidons obligatoires pour gazole et essence). La population est très avenante, les "tiendas" sont assez bien fournies en denrées de base, mais pas en produits frais. Heureusement, 2 fois par semaine environ, vers 9 h, une grande barque venant de Colón accoste au débarcadère de Porvenir avec un chargement de fruits et légumes destinés essentiellement aux hôtels proches de l'aéroport. En arrivant à temps au ponton, on peut y acheter les produits que l'on n'aura pas trouvés aux tiendas de Wichub Huala.

Korbiski – Mamitupu

Le mouillage entre ces 2 villages (9°32.84'N 78°57.95'W), fond de sable, est très abrité de la houle. Nous n'y sommes restés que quelques heures, une poignée de garçons de Korbisky en ulu n'ayant cessé de nous importuner de façon bruyante et grossière – comportement inhabituel au Kuna Yala !

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Islas Cartí (Gardí)

L'archipel des Cartí comprend 5 îles densément peuplées et quelques îlots. Une caractéristique commune est l'absence d'adduction d'eau, étonnante dans une région où passent de nombreux touristes (les paquebots de croisière viennent souvent mouiller près de Sugdup). Aurelio Castillo, notre guide à Yandup, nous explique que les sayla des 5 villages ne veulent pas d'aquaducto, car disent-ils : "cela rendrait les jeunes encore plus paresseux"... Aussi voit-on, dès le petit jour, des dizaines de ulu chargés de bidon se diriger, à la pagaie ou à la voile, vers le río Cartí Grande, distant d'1 NM. Ils doivent ensuite le remonter d'autant pour trouver de l'eau claire. Ils ne sont donc pas revenus au village, bidons pleins, avant le milieu de la matinée.

Warsadup

73KPar temps clément, on peut mouiller au S de cet îlot, le plus à l'E des Cartí (9°27.86'N 78°56.40'W), mais le fond de 9 m est couvert de corail. 2 sympathiques familles de pêcheurs occupent l'îlot qui n'a que 5 ou 6 cocotiers. Au S, chez les Calderón, on nous demande s'il serait possible de transformer un piochon (lame plate) en fer d'herminette, une lame concave étant indispensable pour terminer la fabrication du ulu retourné sur la plage (image ci-contre). Ils n'ont ni pince ni marteau. Nous improvisons une forge sur leur feu où mijote le dule masi, hélas sans succès : ça ne chauffe pas assez ! Nous les consolons en leur offrant leur photo de famille, de la poudre à laver, des crayons-feutres et des biscuits pour les enfants.

72KCeux-ci passent des heures en ulu, bébé compris, sous la surveillance (?) de l'aîné qui n'a guère plus de 8 ans. A 7 h du matin, ils nous ramènent du pain frais de Gardí Muladup, 0,6 NM plus à l'W. A notre départ, ils nous feront don d'un gami (pagaie), d'une molita, de 2 poissons séchés et d'un avocat. Les López, au N de l'îlot, nous offriront quant à eux le meilleur morceau d'un rôti de tortue et une demi-douzaine de plantains. Qui accusait les Kuna d'égoïsme ou d'ingratitude ?

Gardí Sugdup

En venant du NE, par le chenal qui sépare Sugdup de Yandup, on passe à l'W du haut-fond balisé par 2 perches, avant d'obliquer vers le S pour mouiller au point (9°28.28'N 78°57.84'W). Là aussi le fond est très irrégulier avec des pâtés de corail, mais il n'y a pas le choix ! Le débarcadère est situé au NE de l'île. Mais il est possible qu'à votre arrivée au mouillage, Eulogio Pérez vous offre ses services de guide, en vous proposant de laisser votre annexe à son ponton personnel, en face du mouillage.

Sugdup (l'île au Crabe) offre plusieurs "tiendas" assez bien fournies, dont certaines très orientées "touriste", avec des panneaux publicitaires, de la musique etc. Les gens paraissent plus indifférents qu'ailleurs – normal, ils sont habitués aux waga, qui ne sont pour eux que des consommateurs. Le musée Kuna, que l'on visite pour $4, est petit mais très intéressant, quoique les explications du conservateur comme celles de ses panneaux descriptifs ne soient pas toujours d'une compréhension facile pour des esprits cartésiens...

73KLe soir, les rues principales de Sugdup sont éclairées. Fin mai 2004, nous avons eu la chance d'assister au concours de danses Kuna qui réunissait une quinzaine de troupes provenant de toute la moitié E du Kuna Yala. Pendant 2 jours, de 18 h à minuit, les représentations se sont succédées dans la cour bondée d'une école délabrée. Le soir de la finale, la poignée de waga présents s'est vite découragée, nous laissant seuls sur le banc au milieu des danseuses d'Ukubseny, venues là avec leurs enfants et attendant leur tour. Bien nous en a pris : la qualité du spectacle, au début plutôt monotone, s'est élevée peu à peu, avec des chorégraphies plus élaborées et de subtiles polyphonies de flûtes. Outre l'aspect artistique, l'endurance physique de ces danseurs-flûtistes est extraordinaire : pendant 15 à 30 minutes, ils sautent alternativement 2 fois sur chaque pied en se déplaçant, parfois très vite, tout en soufflant sans arrêt dans leur flûte de Pan spécifiquement accordée. Enfin les intermèdes, assurés par des troupes de comédiens et danseurs professionnels, auraient à eux seuls justifié la présence de nombreux spectateurs non Kuna...

Gardí Yandup

En saison humide, nous n'avons pas osé mouiller devant Yandup (l'île au Pécari), dont il faut s'approcher très près pour trouver un fond convenable. Dans ce cas, une renverse de vent peut être dangereuse. Qu'importe, le débarcadère S n'est qu'à 350 m du mouillage de Sugdup !

Mais quel contraste avec Sugdup ! Pas d'électricité, mais les rues sont plus larges, plus propres, égayées d'arbustes et de fleurs ; les huttes plus élégantes et parfois décorées. Les habitants aussi sont plus avenants, notamment Aurelio Castillo, qui outre ses fonctions de guide pour les touristes et les plaisanciers, est secrétaire du Congrès de Yandup, donc très au fait de la vie du village et des aspects culturels.


74KRemerciements

– à Pablo et Jacinta Pérez, de Mamitupu, dont l'accueil envers les plaisanciers est légendaire ;
– à Federico Sagel, adjoint au sayla d'Ukubseny ;
– à Lydia et Maurice de "Blue Note", à Dominique et Thierry de "Servus", pour quelques unes des photos présentées sur ces pages.

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